La « Limonade Suisse » se boit dans tout le Brésil. Elle n’a rien d'helvétique, mais c'est rafraîchissement, doux et acidulé... comme ce blog, je l'espère.

A « Limonada suíça » encontra-se no Brasil todo. Não tem nada de suíço, mas é refrescante, doce e acidulada... como esse blog, espero.

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30/05/2011

Vocabulaire culinaire

Pour quelqu’un qui aime cuisiner, émigrer représente bon nombre de changements d’habitudes. Cela se compliquent un peu si dans le nouveau pays de résidence ne se parle pas votre langue maternelle. Les habitudes alimentaires et gastronomiques changent, les produits sont différents, et pour peu que vous vous trouviez sous d'autres latitudes, vous avez bien de la difficulté à identifier les fruits et légumes des étales du marché. Souvent les produits connus n’ont pas la même apparence. Au Brésil les brins de ciboulette, par exemple, ont le diamètre du vert des oignons-tiges et vous ne trouvez pas d’échalote, ni les mêmes variétés de pommes de terre: J'ai cherché en vain des pommes de terre bintje, ou les saisonnières petites pommes de terre nouvelles! Pas très grave car il y en d'autres à déguster.

Étale de fruits au marché municipal de Curitiba

Vous n’allez pas forcément retrouver tout ce que vous utilisiez auparavant, et surtout vous découvrirez des variétés inconnues: fruits, légumes, épices, céréales. Pareil pour l'appellation des viandes puisque le nom des morceaux varie déjà selon les régions francophones. La façon de les débiter est aussi différente, car elle est liée aux recettes traditionnelles et aux habitudes, qui bien évidemment sont autres.

L'embarras du choix !

Mais les choses se compliquent un peu avec la difficulté du vocabulaire. Dans les cours de langues on omet en général de vous dire comment se dit carré d'agneau, sauce blanche, ou émincé de porc! Il est fort rare de découvrir des mots indispensables comme l'économe (dans le canton de Vaud on l'appelle épluchoir) sans lequel il est bien austère de peler une bintje, ou l'ouvre-boîte, ou plus grave encore, le tire-bouchon! Or c'est d'abord de cela dont a besoin le pauvre expatrié pour garder le moral, bien avant de savoir comment se traduit belle-mère ou cholestérol! Ce problème de vocabulaire devient encore plus épineux au moment de tenter de réaliser une recette libellée dans la langue du pays d'adoption. De même, lors de vos voyages vous découvrez des livres de cuisine dont les images vous font saliver et réveillent en vous le cuisinier amateur... Mais vous n'y comprenez presque rien! Qu'alors y faire? Après de nombreuses errances dans les rayons de librairies j'ai fini par trouver les outils indispensables à mes heures de cuisine.  

Première découverte, peu après mon installation au Brésil : Dicionário de Termos de Gastronomia.


Il faut dire que l'auteur, Helen Helene avait de quoi ressentir les mêmes manques de traduction. Cette brésilienne qui a vécu à Paris est actrice, et surtout sommelier de passion et de formation. Elle a donc conçu ce dictionnaire français-portugais (du Brésil) de vocabulaire de gastronomie. Ce livre est bien présenté et offre en deuxième partie quelques recettes bilingues, ainsi qu'un chapitre Vins de France. Bien que destiné en premier lieu aux lusophones alléchés par des recettes en français, il est aussi d'une grande utilité pour le francophone au Brésil.  

Le deuxième ouvrage que j'ai découvert plus récemment: Vocabulário prático de culinária internacional, du Dr Fritz Kerndter.


Ce livre va encore plus loin dans l'aide au gourmand loin de ses racines, puisqu'il offre plus de sept mille termes en six langues différentes soit, portugais, anglais, français, Italien, espagnol et allemand. De plus, sa conception est extrêmement pratique d'usage: un indice alphabétique dans chacune des langues vous indique la page où se trouve le mot recherché, et toutes ses traductions. L'auteur a inclut des termes d'Autriche et de Suisse - merci d'y avoir pensé. C'est très complet et on y trouve aussi bien civet, flamber, que caille ou lèchefrite, des noms des verbes et des adjectifs. Il y a même les plats typiques des différents pays et leurs accompagnements. Munis de ce dernier ouvrage vous n'aurez plus crainte d'acheter le livre de cuisine du terroir rencontré au hasard de vos voyages, et de vous mettre à l'ouvrage.

Bom apetito - Guten Appetit - Bon appétit.

Vocabulário prático de culinária internacional
Dr Fritz Kerndter
ISBN: 9788578273286
Editora wmf martinsfontes

Dicionário de Termos de Gastronomia
Helen Helene
ISBN : 85-7555-112-4
Donné avec deux éditeurs
Editora Boccato - Editora Gaia Ltda

23/05/2011

LIGHT, spectacle de dance par Katakló

Le nom Katakló, signifie en Grec ancien, Je danse en me pliant et en me contorsionnant. Cette compagnie de danse milanaise qui existe depuis plus de 15 ans, a été créée par Giulia Staccioli, ancienne championne olympique de gymnastique artistique, qui est encore actuellement la chorégraphe de la compagnie, et son mari, Andrea Zorbi, joueur de volleyball et deux fois champion du monde dans cette discipline.


Par la qualité de ses spectacles et la position particulière reliant l’art de la danse et le sport, cette compagnie a eu l’occasion de participer à des grands événements dans le monde, comme les cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques de Sydney et de Turin, ou le nouvel-an chinois à Hong Kong en 2007, en plus des tournées internationales. Depuis 2006 la chorégraphe Jessica Gandini s’est jointe à la direction artistique et a renforcé ainsi les liens entre l’intensité du langage de la danse et la force des mouvements acrobatiques. 


La compagnie est formée de danseuses et danseurs-athlètes, tous au bénéfice d’une solide expérience en même temps de danse et de gymnastique artistique. Cette particularité alliée à des chorégraphies créatives, poétiques et avec de fréquents clins d’œil d’humour constitue toute l’originalité de Katakló qui a développé un langage artistique qui représente une parfaite union entre l’utilisation des capacités physiques et de la création chorégraphique.


J’avais été convaincu il y une année par le spectacle Play, aux chorégraphies inspirées chacune  par un sport différent. J’ai été encore d’avantage séduit hier par Light, mot qui dans la langue anglaise signifie autant lumière que légèreté, deux mots qui définissent l’idée générale du spectacle. La légèreté et la souplesse des mouvements font oublier l’énorme effort physique et donnent l’impression qu’aucune position ou flexion ne sont impossibles pour le corps. Quand les danseurs évoluent groupés, ce n’est plus qu’une seule morphologie multiple qui se meut et se transforme tel un caléidoscope ou une vouivre de bras, de jambes et de têtes. 


La scénographie fourmille d’idées. Cela se passe au sol, suspendu dans les airs, accroché à des structures, ou usant d’accessoires comme des pattes d’éléphants intégrés au costume, ou l’utilisation de skis qui permet des positions et des images surprenantes.  Les costumes conçus pour bien jouer avec la lumière, sont de discrètes  contributions fondues à l’esthétique générale, définie principalement par des éclairages très purs. Les couleurs, les ombres, et les reflets sur les corps transportent le spectateur dans Univers irréel et des ambiances oniriques. Et ceci dans une parfaite cohérence.


Et les musiques, électroniques et rocks pour la plupart, accentuent le rythme qui mène le spectateur de surprises en découvertes et en émotions, trois éléments essentiels à la réussite d'un spectacle.

18/05/2011

Spaghetti au saumon

Les spaghettis c'est vite fait et cela permet de varier les recettes à l’infini selon l’inspiration du moment et le contenu du frigo. Le poisson c’est sain et  le saumon délicieux !

Pour deux personnes
300 à 400 grammes de filet de saumon bien frais, sans peau
2 tomates moyennes bien mûres, préalablement pelées, épépinées et émincées
5 cm de céleri-branche émincé finement
Un peu de poivron rouge et jaune émincé, pour le goût et la couleur
1 oignon moyen haché finement
1 belle gousse d’ail finement hachée
1 bonne poignée de ciboulette, persil et basilic ( ou aneth ) hachée menue
½ dl de vin blanc sec
Huile d’olive, sel, poivre
250 gr de spaghettis - numéro 3 ou selon préférence


Préparation
Après avoir mis à chauffer l’eau pour les spaghettis dans une grande casserole, mettez sur le feu une poêle anti-adhérente avec une cuillère à soupe d’huile d’olive. Quand l’huile est bien chaude, jetez-y le saumon coupé en cubes de 2 cm sur 2 environ, et faites-le dorer rapidement de tous les côtés. Ajoutez ensuite dans la poêle sur un feu vif, l’oignon, le céleri-branche, le poivron et l’ail émincé. Salez et poivrez à volonté, puis versez le vin blanc et les tomates émincées. Remuez. Quand cela commence à frémir, baissez le feu pour laisser mijoter doucement.

Plongez les spaghettis dans l’eau qui maintenant doit bouillir et dans laquelle vous avez versé une tombée d’huile d’olive et du sel à volonté – le gros sel de mer à mon goût donne une meilleure saveur. Après 2 à 3 minutes, prenez une demi-louche d’eau de cuisson des pâtes que vous mettez dans la sauce qui cuite doucement.

Attention que le poisson ne soit, ni trop ni pas assez cuit... Trop cuit il se défait et le plat perd en goût et apparence. Une question de flair ou d’expérience, et comme pour toute recette, ne pas craindre de goûter !


Une minute environ avant la fin de la cuisson des spaghettis, égouttez les soigneusement et remettez-les dans la casserole. Versez par-dessus Le saumon en sauce, ajoutez les herbes hachées, remuez délicatement, et laissez reposer 5 minutes à couvert, de façon à ce que les pâtes prennent le goût de la sauce. Maintenant vous pouvez servir. 

Après le café, je vous suggère un livre que j'ai savouré il y a longtemps et qui met d'excellente humeur le temps de sa lecture, et même plus tard quand on y repense: Comment voyager avec un saumon.




Lien pour en savoir plus sur ce livre 
Lien pour en savoir plus sur Umberto Ecco

14/05/2011

Jorge Amado, et son roman Cacao (Cacau)

Commencer à connaître un pays, ses coutumes et sa culture, nécessite de nombreuses lectures, des années d’intérêt, des visites et si possible la connaissance de la langue.

Nous nous enorgueillissons de nos quatre langues nationales dans une Suisse multiculturelle. Si au Brésil il subsiste plus de 100 langues indigènes, quasi toute la population parle le portugais brésilien, dont un pourcentage non-négligeable du vocabulaire est d'origine indigène ou africaine. Ce pays a la complexité d’un continent mais il est souvent vu à travers des clichés tenaces : la plage, le carnaval, la musique et aussi la violence quotidienne qui rythme sa vie. La réalité du Brésil est passionnante mais difficile à cerner pour un européen. On ne peut comprendre ce pays sans connaître un peu de son histoire, violente et tumultueuse depuis le début de la colonisation au 16ème siècle, jusqu’à la fin de la dictature militaire il y a 25 ans seulement. Sa littérature, mal connue à l’étranger, aide à en appréhender le passé et le présent. 

Jorge Amado

J’apprécie le style direct de Jorge Amado ( 1912 – 2001 ). Par la lecture de ses romans on entre dans le quotidien brésilien de la première moitié du 20ème siècle, en particulier dans l'État de Bahia dont l’auteur est originaire. La vie de l’écrivain a été consacrée à l’écriture, un moyen pour exprimer sa sensibilité sociale et ses idées égalitaires éveillées à la vision des conditions de vie des travailleurs des plantations de cacao et de café en particulier.

Son engagement et ses livres lui valurent une vie de rejet et d’exils. En 1937, par décision officielle de son pays, 1700 exemplaires de ses romans, dont Cacao, sont brûlés en place publique. En 1948 il s’exile volontairement en France après que ses livres aient été déclarés « matériel subversif » par le gouvernement brésilien. En 1950 il est expulsé par la France suite à ses engagements politiques en faveur de l’Union Soviétique et de la Tchécoslovaquie. Il voyage alors dans ces pays ainsi qu’en Chine. En 1951 il est lauréat du Prix Lénine pour la paix. En 1952 les États-Unis, en plein maccartisme, lui interdisent l’entrée sur le territoire américain et ses livres y sont interdits. Tout ceci semble démesuré à la lecture de ses romans dont les thèmes sont plus humanistes que politiques. Cela laisse entrevoir l’esprit du moment.

Si l’esclavage a été aboli légalement à la fin du 19ème siècle, il subsistait encore, de fait, au moment de la jeunesse de Jorge Amado dans bien des régions, et se retrouve parfois actuellement dans certaines parties isolées du pays, au point que l’ancien ministre de la culture et chanteur Gilberto Gil, appelait il y a deux ans à une deuxième abolition de l’esclavage au Brésil. La vie quotidienne des simples ouvrier agricoles, complètement dépendants du propriétaire terrien, le coronel ( fazendeiro ) qui a pratiquement les pleins pouvoirs sur ses employés en position d’esclaves constitue la toile de fond du roman Cacao ( Cacau ).


C'est le deuxième roman de Jorge Amado, publié en 1933, période tumultueuse par ses bouleversements liés à la crise économique mondiale, à la montée d’Hitler et à la peur du communisme. Le narrateur, fils d’un propriétaire fermier atypique, plus passionné par la musique que par son exploitation agricole, à la mort de son père se retrouve sans ressource, spoliés par le frère du défunt. Le jeune homme se retrouve dans l’obligation de partir travailler dans les plantations de cacao au sud de l'État de Bahia. D’homme, il devient un « loué », juste une force de travail. C’est la description de la vie des ouvriers des plantations, des relations entre ces esclaves et le propriétaire et ses sbires, qui constituent la trame de l’histoire. Les employés sont payés, certes, mais ne peuvent se fournir en nourriture et biens de base que chez le patron qui les facture plus cher que ce que peut payer l'ouvrier avec son salaire. Endettés, ces hommes restent pieds et points liés.

La relation avortée entre la fille du propriétaire et le narrateur surnommé Sergipano qui ne veut trahir sa condition de travailleur avec une fille de propriétaire, décide le jeune homme à rejoindre à Rio de Janiero un ami convaincu par l’avenir de la lutte sociale

L’écriture est simple, les dialogues sans fioritures, les situations proches du reportage. A la lecture de Jorge Amado on entre dans cet univers de fazendas de cacao au Brésil, on imagine les bruits, les odeurs, le frémissement des serpents glissant dans la plantation. On respire la vie de ces ouvriers simples qui ne désirent pas s’enrichir mais juste vivre un peu mieux, plus décemment, sans avoir faim. Des propos somme toute éloignés de ce que pourraient-être des revendications sociales. Jorge Amado dit à propos de son roman: "J'ai essayé de raconter dans ce livre, avec un minimum de littérature au profit d'un maximum d'honnêteté, la vie des travailleurs dans le sud de l'État de Bahia"
 

La rudesse de cet univers où tout se règle par la violence et par une justice personnelle est peut être une des origines de la violence actuelle dans ce pays. Le patron fait liquider par ses hommes de main l’employé contestataire ou le fazendeiro concurrent, l’ouvrier défigure à coup de machette le fils du propriétaire ou exécute son rival avec une sorte de résignation : Cela a toujours été ainsi.

Ce n’est certainement pas un hasard si l’œuvre de Jorge Amado a été la source de nombreuses adaptations cinématographiques car son écriture est visuelle. Ses livres ont été traduits en près de 50 langues. Vous trouverez en librairie de nombreux titres, dont bien sûr Cacao dont il existe des éditions françaises. Pour sûr Cacao vous transportera dans un monde bien éloigné de la Suisse qui changera peut-être votre perception de la saveur du chocolat.

Cacao, Éditions Stock, Collection "La Cosmopolite". 157 p. 
Cacao, Éditions Larousse, Collection “Petits Contemporains”, 159 p.
Cacau, Edição Companhia Das Letras, Coleção Jorge Amado, 184 p.

08/05/2011

L'Arnacoeur ( Como arrasar um Coração )

Il est si rare d’assister à une bonne comédie comme L'Arnacoeur, drôle du début à la fin, exempte de vulgarité puis de sortir de la projection léger comme une plume.

L'affiche

Hier j’ai assisté à ce film du réalisateur français Pascal Chaumeil en avant-première, ici à Curitiba. Vous l’avez donc peut-être vu au moment de sa sortie française, il y a un an déjà.  Si ce n’est pas le cas je vous encourage à vous le procurer en DVD. 

Je ne détaillerai pas le synopsis afin de préserver un atout important d’un bon film : la surprise. Le personnage principal, Alex Lipi, interprété par Romain Duris, est briseur de couple professionnel, comme il existe des tueurs à gage que rien n’arrête. Il opère avec ses deux collaborateurs ( sa sœur et son beau-frère ) et n’accepte que des missions qui correspondent à son éthique professionnelle : Briser uniquement des couples dont la femme est malheureuse.  

Alex Lipi à Monaco !

Va-t-il honorer le contrat qui lui est proposé par le père de Juliette ( Vanessa Paradis ), riche héritière follement amoureuse d’un fiancé épris, intelligent, riche et beau, qu’elle doit épouser moins de dix jours plus tard à Monaco? En a-t-il le choix? A partir de cette trame, Pascal Chaumeil, réalisateur qui s’était surtout fait remarqué dans des productions pour la télévision, nous propose un film parfaitement rythmé, drôle du début à la fin avec une distribution bien équilibrée et pleine de talents, en particulier Vanessa Paradis dont les multiples facettes ne sont plus à démontrer. 

Vanessa Paradis et Romain Duris.
Elle nous montre un personnage très attachant grâce à une interprétation rayonnante de sensibilité. Romain Duris sorti de l’ombre depuis L’Auberge Espagnole ( 2002 ), et qui a déjà participé à plus de 35 films, interpréte Alex Lipi et s’affirme comme un grand acteur, très drôle, fin et jamais vulgaire, ce qui est rare. 

Une fin heureuse?

Si je suis entré dans la salle fatigué, après cinq minutes mon visage était rayonnant. J’ai rit comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps.

En savoir plus par les liens ci-dessous:

01/05/2011

Vins de Patagonie - Bodega del Fin del Mundo

Le vin est une boisson, certes. Il est aussi savoir-faire, culture, rites, inspiration, art et poésie. Découvrir de nouveaux crus c’est un voyage... et puis un repas sans un bon vin c'est triste comme un jour de pluie quand on est seul. 

En Amérique du Sud les vins importés, français en particulier, sont en fréquemment décevants car ils n’aiment guère les voyages et arrivent remués et souvent cassés. En France les Bordeaux et les Bourgogne, même jeunes, sont vendus à des prix démesurés. Imaginez la somme à débourser pour de telles bouteilles au Brésil où les taxes douanières sont proches de 100% du prix de départ. C'est pareil pour les vins italiens, mais eux semblent mieux supporter le transport. 

Bodega del Fin del Mundo, salle de réception

Et pourquoi boire des vins d’outre-Atlantique alors que le continent sud-américain a développé depuis le début de la colonisation une viticulture de qualité ? Les espagnols, portugais, italiens et français, après un tumultueux voyage et de périlleuses conquêtes, n’ont pas renoncés à cette boisson qui fait partie de la culture, source d’un plaisir encore plus marqué pour des gens coupés de leurs racines. 

En Amérique du Sud la viticulture date du début de la colonisation au 16em siècle, que ce soit  en Argentine qui en 2007 était 5ème producteur au mondial (FAO), au Chili (10ème) au Paraguay ou au Brésil (14ème). Si dans ce dernier pays la consommation et la production de vin augmente rapidement, le pays n’offre encore que peu de vins de qualité à des prix concurrentiels, mais le marché propose une offre immense dominée par les productions argentines et chiliennes. 

Bodega del Fin del Mundo, une partie des vignobles

Comme premier sujet sur le vin, j'ai choisi de présenter ici des vins argentins de la Bodega del Fin del Mundo en Patagonie (notez que la partie chilienne de cette région abrite aussi d’excellents viticulteurs). Si pour moi le mot Patagonie évoquait auparavant des régions extrêmes, d’une beauté sauvage de froid et de montagnes, j’y associe en plus maintenant la saveur d’excellents vins. Ce producteur offre une quarantaine de bouteilles différentes (à voir sur leur site en lien ci-dessous). Je n'en ai encore goûté que quelques-unes ! 

Le Ventus Tinto est un assemblage Merlot - Malbec d'un goût rond et fruité et de 14° d’alcool (Il est rare de trouver dans ce continent des vins moins alcoolisés, mais on s’y fait !) Un délice bien équilibré avec un prix au Brésil d’environ 14.-- CHF. 

De la dénomination Postales del Fin del Mundo (Cartes postales de la fin du monde) j’ai testé l’assemblage Malbec - Syrah d’un arôme épicé, fruité et floral, parfait avec une viande rouge (14,2°). Il existe aussi la série des Postales Roble, fût de chêne, pour ceux qui apprécient les vins plus charpentés. 

De belles étiquettes

La gamme Newen réunit des vins vieillis 6 mois en barriques françaises et américaines. J’en ai dégusté le Malbec à l’arôme de fruits rouges et vanille, et vraiment beaucoup apprécié sa rondeur, sa souplesse et son côté féminin, et qui donne envie de découvrir le reste de cette gamme. 

Les blancs que j’ai eu l’occasion de goûter, le Ventus chardonnay et le Postales assemblage sauvignon – sémillon, sont bien secs avec des notes pierreuses pleines de fraîcheur. 

J’écrirai ultérieurement sur leur vin haut de gamme Special Blend dont on dit des merveilles mais qu’il est nécessaire de laisser reposer avant dégustation. 

Paysage del fin del mundo !

Parler de vins c’est bien, les déguster c’est beaucoup plus intéressant, et le faire sur le lieu de production doit être encore plus formidable : A mettre au programme ! Vous trouverez sur le site de ce producteur les adresses des importateurs en Suisse et dans le Monde. Essayez, cela en vaut la peine.

En lien: Le site officirel de la Bodega del Fin del Mundo 
En lien: Presque tout sur le vin 

Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais enivrez-vous.  
 Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé , dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

(Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire)