La « Limonade Suisse » se boit dans tout le Brésil. Elle n’a rien d'helvétique, mais c'est rafraîchissement, doux et acidulé... comme ce blog, je l'espère.

A « Limonada suíça » encontra-se no Brasil todo. Não tem nada de suíço, mas é refrescante, doce e acidulada... como esse blog, espero.

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26/10/2013

Lettre ouverte à ma polysomnographe



Chère Alessandra,

Quel plaisir de voir votre visage réjoui à mon arrivée dans la clinique où mon cardiologue m’envoyait afin que, grâce à vos talents, vous puissiez examiner mon sommeil, puisque votre spécialité c’est la polysomnographie. Ignare, je ne me doutais pas l’existence de cette activité. J’avais bien entendu parler de Polynésie, de somnolence, de pornographie, mais de polysomnographie : nenni ! On apprend toujours dans la vie.

J’étais rassuré : l’examen serait sans problème : "Vous vous couchez, on enregistre votre sommeil entre 22h et 5h du matin… et cette nuit est couverte par l’assurance". Que demander de mieux si en plus on dort couvert.

Toute la chaleur de la chambre d'hôpital 

J’arrive donc, vous me montrez ma chambre, propre et dégageant cette saine atmosphère hospitalière. Je me mets en tenue de lit - variante patient de la 706. J’observe avec curiosité le gros boitier duquel sortent une quantité de fils et j’attends votre agréable retour, qui ne tarde pas.

Vous entrez au pas de charge, allumez les 200W du plafonnier et commencez à me brancher de toutes parts, à disposer des senseurs à mes extrémités (sauf une, merci, car c’eut été un senseur insensé), vous en mettez sur mon torse velu à l’emplacement du cœur, de nombreux sur mon visage dont j’avais rasé la barbe selon les injonctions formelles de la feuille de route, vous en collez dans mes cheveux avec une sorte de glu, derrière les oreilles, sous le menton et sur le cou – "Ça c’est pour écouter les ronflements" (pas besoin de senseurs !) : 24 au total, chacun prolongé par un fil aboutissant à une boite accrochée à la tête du lit, soit derrière la mienne, et reliée au Grand Ordinateur dans votre bureau !

Le boitier relié au Grand Ordinateur 


Je ressemble à un mélange du personnage d'Alex dans Orange Mecanique et de Robocop. Vous peaufinez en m’enfilant dans les narines un bidule qui chatouille les poils à m’en faire éternuer, et vous terminez en m’appliquant une pincette clignotante sur l’index gauche. Tout ceci bien évidemment relié à une torche de fils multicolores. "C’est prêt", dites-vous triomphale.

Je pose timidement la question de savoir comment ça va se passer. "Rien de particulier. Vous dormez comme si vous étiez à la maison, dans la position de votre choix, et moi je vous observe toute la nuit grâce à la caméra infrarouge, aux micros et en voyant les indications de mesure sur l’ordinateur. Si vous avez un problème, la sonnette est là sous l’oreiller (un fil de plus)"

Je hasarde encore une interrogation : "Et si j’ai besoin d’aller aux toilettes?" "Vous sonnez, je vous laisse branché mais j’accroche le boitier autour de votre cou et vous y allez". Une femme, toute formée qu’elle puisse être, ne se doute pas de la difficulté de tenir l’engin avec la main dotée d’une pincette lumineuse reliée à un petit câble, et avec autour du coup un boitier de 3kg relié avec une cinquantaine de fils, que vous ne pouvez lâcher, ceux-là ! 

Avant de sortir de la même allure martiale, vous remontez les barrières de part et d’autre du lit - comme si je pouvais m’échapper - et me lâchez souriante: "Et surtout, dormez normalement". Ben voyons ! Et je me retrouve dans le noir.

"Et surtout, dormez normalement"


Je tente de me mettre sur le côté et constate alors qu’une dizaine de fils électriques me rentrent dans le pavillon de l’oreille. De plus, le câble de la pincette à l’index est coincé ce qui m’oblige à garder le bras gauche levé. J’essaye donc de me mettre sur l’autre côté ce qui cette fois tire sur les fils collés à mes jambes en passant dans le pyjama et en arrachent les poils : un régal. Je m’assoupi finalement figé dans la position inconfortable qui me semble la moins pire. Peu de temps après, bien entendu, je me réveille avec un furieux besoin d’uriner : je sonne et accompli donc l’exercice décrit plus haut. Après, j’ai dormi ? Oui ! Bien ? Vous n’imaginez pas les cauchemars.

Une semaine plus tard mon cardiologue commente les résultats de ma nuit câline : "Vous faites de l’apnée et cessez de respirer parfois pendant plus de 35 secondes. C’est mauvais pour la pression, augmente le risque de diabète, d’AVC, de crise cardiaque et fait que vous dormez mal et que la personne qui partage votre lit ne ferme pas l’œil à cause de ronflements terrifiants" (ça, je savais). S’il m’est arrivé que des personnes évoquent chez moi une certaine ressemblance avec Jean Reno dans Le Grand Bleu, jamais je ne m’étais imaginé être un spécialiste d’apnée (non juvénile), ne serait-ce parce que je n’aime pas avoir la tête sous l’eau, comme tout natif du taureau. Le cardiologue reprend: "Je vous envoie donc chez un pneumologue (j’ai pas mal aux pneus !) qui vous dira ce qu’il faut faire"

Et qu’est-ce qu’il a dit le pneu… à la gomme? "On va faire une deuxième polysomnographie pour tester la pression nécessaire qu’un SPAP." (un masque que vous portez pendant toute la nuit et qui vous pulse de l’air dans les bronches). Quand faut y aller, faut y aller disait la chanson.

Oh le bon sommeil réparateur

Et me revoilà chez vous, chère Alessandra. Et rebelote pour l’harnachement total, mais agrémenté cette fois -  cerise sur le gâteau – du masque, ou plutôt des masques car j’en ai testé deux ! Plus je me voyais équipé moins je m’imaginais pouvoir dormir. Pessimisme ? 

Réalisme. Je n’ai quasiment pas fermé l’œil. Au moment d’enfin presque m’assoupir, ma chère Alessandra, vous montez la pression du flux d’air. J'ai l’impression d’être dans le tuyau de mon aspirateur. Vingt minutes plus tard, le tuyau se sort et me souffle dans les yeux: je dois sonner. Encore trente minutes et j’ai la bouche tellement sèche que je dois vous appeler à nouveau : "A boire par pitié ! "… Puis lors de ma cinquième sonnerie vous me proposez le grand masque - chic - celui-ci prend aussi la bouche ! Youppie. 

Plus tard, quand vous avez mis toute la sauce le bruit de l’air m’a fait croire que dehors c’était l’ouragan : j’ai sonné effrayé. A cinq heures moins vingt je sonne pour la dernière fois. Ma langue est collée au palais, mes gencives adhèrent aux dents, je jette l’éponge et fini mes 20 dernières minutes avec seulement les fils de la première nuit. "Vous pensez que vous allez vous adapter à porter ce masque toutes les nuits? Des clients me disent : divorcer, oui, mais me séparer de mon SPAP je ne pourrais plus". Moi je pourrais, juré. Je suis rentré chez moi épuisé, me suis mis au lit et j'ai ronflé comme jamais, et de bon coeur.

Chère Allessandra, je tiens à vous remercie de vos soins – si je puis dire – mais j’aimerai vous poser quelques questions qui, je l’espère, ne vous feront pas dire: "Il ne manque pas d'air celui-ci"
- Que ressentez-vous à passer 42 heures par semaine à regarder des sexagénaires qui dorment mal
- Qu’évoquent dans votre tête ces ronflements de locomotive? 
- Eprouvez-vous du plaisir à pomper l’air de vos patients ? 
- Emettez-vous quelques remarques ou ne soufflez-vous mot à votre mari quand il ronfle? 
- Etes-vous aussi branchée que vos victimes? 

- Quelles sont vos aspirations pour le future ? 

- Et finalement: Avez-vous déjà subi une polysomnographie ou, ce que je vous souhaite, pouvez-vous ouvrir la fenêtre pour savourer la brise du soir ? 

La brise du soir par ma fenêtre ouverte


Dans l’attente de vos réponses qui, à n’en pas douter, seront aussi sophistiquées que vos appareils, je vous envoie mes chaleureuses salutations ainsi que mes vœux pour des nuits paisibles.

Eric

PS: Ne pouvant coller l'oeil sur un viseur, les photos dans la chambre ont été réalisée tant bien que mal avec l'Ipad.

19/10/2013

Le Hachis Parmatier : Purée, quelle patate !

Les recettes de pommes de terre sont innombrables en Suisse et en Europe. Au Brésil, j’ai appris à apprécier aussi la patate douce qui m’a donné l’envie d’agrémenter la classique recette du hachis de Parmentier de notes plus exotiques. 


Il existe des variétés de plusieurs couleurs de patates douces 


ACHATS

Pour 2 personnes
Une jolie patate douce et une jolie pomme de terre pas douce (au total 600 à 700 gr. une fois pelées) – 400 à 500 gr. de viande hachée (de bœuf, de porc ou des deux… et pourquoi pas d'agneau ?)  - 1 gros oignon haché grossièrement - 2 gousses d’ail dodues, un peu de poivron rouge et jaune et 15 cm de céleri branche, le tout émincé - 2 cuillères à soupe de pistaches concassées (sans les coquilles, merci!) - 100 gr. de fromage bleu type gorgonzola, bien mûr - 1 opulente cuillères à soupe de beurre - 2 décilitres de lait - un peu de thym frais ou sec - huile d’olive vierge - sel, poivre, noix de muscade - 2 gouttes de huile de truffe blanche (en option, mais vous ne le regretterez pas) - un peu de panure et de Gruyère ou d'Emmenthal râpé.


PREPARATION

Purée de patate
Pelez et coupez les pommes de terre en petits cubes et plongez-les dans l’eau bouillante salée jusqu’à ce qu’elles soient bien cuites – égouttez et remettez dans la casserole. 

Ajoutez le lait et le beurre, puis écrasez et mélangez énergiquement au fouet pour obtenir une purée pas trop épaisse et onctueuse à laquelle vous incorporez le gorgonzola en lamelles que vous laissez fondre doucement. 

Thym, sel, poivre, noix de muscade et les 2 gouttes de huile de truffe blanche, encore un coup de fouet et réservez. Si le cœur vous en dit, de la ciboulette ciselée finement donnera la touche verte qui flattera votre côté écologiste.

Un gratin c'est du soleil sur la table


Viande hachée
Pendant la cuisson des pommes de terre sautez énergiquement la viande hachée dans l’huile d’olive, puis ajoutez l'ail, l'oignon, le céleri, le poivron et les pistaches concassées puis laissez dorer le tout. 

Ajoutez une giclée (un demi-décilitre!) de vin blanc ou de madère, mijotez 5 minutes et réservez.


CUISSON FINALE

Dans un plat à gratin préalablement huilé ou beurré, déposez un peu plus de la moitié de la purée de patates, puis en seconde couche la viande poêlée. 

Bien égaliser avec une cuillère à soupe avant de recouvrir par une dernière couche de purée que vous lissez à nouveau. 

Saupoudrez avec le mélange de panure et de Gruyère râpé. Parsemez de flocons de beurre et mettez au four préalablement chauffé à température plutôt élevé afin de gratiner le tout (évidemment cela dépend de votre four).


A TABLE

Accompagné d’une salade, et d'un vin que vous aimez ce Hachis Parmatier sera placé sur l’Olympe des tubercules.

Antoine Augustin Parmentier 


Monsieur Parmentier, ne me tenez pas rigueur d’avoir piraté votre patronyme. Sans vous, cher Antoine Augustin, le roesti existerait-il ? 

Et purée que c’est bon votre hachis, et tellement onctueux que même celui qui revient de chez un dentiste à la main lourde peut l'apprécier.


06/10/2013