La « Limonade Suisse » se boit dans tout le Brésil. Elle n’a rien d'helvétique, mais c'est rafraîchissement, doux et acidulé... comme ce blog, je l'espère.

A « Limonada suíça » encontra-se no Brasil todo. Não tem nada de suíço, mas é refrescante, doce e acidulada... como esse blog, espero.

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28/11/2011

ilo veyou, Camille - cause que je t'aime

En apercevant au rayon musique le nouveau CD de Camille, je me suis immédiatement muni d'un casque pour y prêter l'oreille. Et dans ma tête s'est dessinée l'image d’une fillette courant dans les prés, chantonnant. Ce CD a la couleur des comptines, et Camille est la reine de l'univers qu'elle nous invite à partager. Sans hésiter j’ai fait l’acquisition de l'opus, plus précisément la version coffret, éditée par FNAC car j’aime les paquets-surprise. ilo veyou s'ouvre comme un cadeau: le CD, le livret avec toutes les paroles, un autre CD avec une version différente de 5 des titres de l’album – des petits bijoux - et un DVD, interprétation filmée de l’univers du CD, mais qui constitue un tout, parfaitement autonome. De quoi se préparer à une dégustation dans le calme et s’accorder un moment privilégié.

Alors j’ai senti que la prairie dans laquelle s’ébat Camille est bien à elle. Camille ne chante pas pour les autres, elle chante comme dans sa tête. C’est seulement qu’elle nous offre de partager son monde, celui d’une petite fille à la vie de femme, et d’une femme qui regarde avec des yeux d’enfants. 


Son pré  est urbain, survolé par des avions, bordé de voitures, avec des cafés, des églises, et peuplé d’humains, mais avec des rivière et des arbres. Camille se - nous - raconte des histoires par des sculptures de notes et de mots simples, en français, en anglais, alternant ou mélangeant les deux langues comme si elles n’en étaient qu’une seule, liée de poésie. Les chansons comme sa voix sont pures, sans artifice, et tellement belles.  
wet boy:
... more water to the world
more water to the seas
more water to the ground
more water to the child I carry...

Elle nous fait partager ses amours légères ou pesantes, elle nous donne envie de chanter à tue-tête avec mille enfants son allez allez allez, elle parle de la mort de façon si simple, elle nous entraine sur mars où elle n’a pas trop envie de vivre, ou dans son monde de bulles. J’ai beaucoup ri et me suis mis à danser à l'écoute de sa France des photocopies, et quand elle chante son plaisir solitaire, c’est encore par une histoire douce.  
pleasure :
... un petit jeu
à la fontaine
sans amoureux
je suis la reine de ces lieux...

Chacun trouvera peut-être une interprétation différente dans ilo veyou, la chanson titre, mais la première version du DVD  nous met cependant sur une piste surprenante.


Camille dit de ce dernier album que c'est un cadeau pour son enfant. Il en a aussi été un pour moi. Mais attention, ilo veyou est contagieux. Pour vous contaminer il est possible de le télécharger - légalement bien sûr - mais ce serait bien dommage ainsi de ne pas vous procurer le coffret qui est si beau.

24/11/2011

Clin d’œil : Nettoyage des rues. deux styles.

Clin d’œil. Une nouvelle rubrique rapide: des photos, une légende.


Rue de l'Ale, Lausanne, Suisse: 
Temps de crise?








 









Avenida Manoel Ribas, Curitiba, Brasil : 
Temps d'expansion?

20/11/2011

Jamie Oliver, Carnet de route - un récit de voyages et de saveurs


On ricane souvent sur la piètre gastronomie d’outre-manche. Je ne connais pas assez la belle Albion pour corroborer ces dires, mais mes très rares repas dans les restaurants établis sur les terres de sa gracieuse Majesté m’ont conforté dans l’idée que le génie britannique semble plus s’appliquer à l’art des modistes de la Cour et à la créativité musicale qu’à la sensualité gustative.

Trop de livres de cuisine ne sont que des listes fastidieuses de recettes, savoureuses peut-être, correctement écrites et bien expliquées souvent, saupoudrés de photos nettes et réalistes, mais dépourvus à mon sens de ce qui constitue l’essence d’un livre : raconter une histoire qui se passe quelque part, et susciter des émotions, qu’elle soient aventurières, sensuelles, intellectuelles, gastronomiques ou littéraires. Un beau livre de cuisine devrait être à mon goût d’une couverture noble, d’un papier velouté, d’une composition sensuelle au regard, d’un contenu surprenant, divertissant et chatoyant, et d’une lecture excitant les sens... comme un recueil de poésies, un livre d’art, un récit de voyage ou un grand roman.

Jamie Oliver est anglais et a comprit tout ça. Il propose des livres aboutis qui sont de beaux objets, comprenant de magnifiques photos qui représentent plus que des illustrations mais participent à part entière au contenu. Elle sont signées par son ami et partenaire de longue date David Loftus. Elles incitent au rêve et donnent l’immédiate envie de découvrir les lieux visités, d’y rencontrer les personnes authentiques avec lesquelles il a parlé et partagé la cuisine du terroir, et d’y déguster les plats alléchants et traditionnels dont il s’est inspiré pour établir sa propre interprétation de recettes traditionnelles des pays visités.

Et Jamie Oliver ne propose pas que des recettes ou des récits culinaires à travers ses livres et ses émissions de télévision. Le chef anglais s’insère dans une démarche qui procure à de nombreux amoureux de la cuisine de nouvelles idées de menus, simples et sans prétention. Il tente aussi d’inverser le phénomène indubitable du développement de la mal-bouffe. Il se bat, à travers de sa fondation entre autres, pour une éducation culinaire et une alimentation saine dans les écoles, pour inciter à une cuisine basée sur les recettes du terroir toujours composées de produits du cru -  quelle que soit l’origine du plat – et réalisable par chacun, pour autant que celui-ci soit animé par un minimum d’envie de bien cuisiner. Jamie Oliver est jeune, énergique, inventif, sympathique et populaire – qui n’aimerait pas être son ami – et il se prend pas pour le Napoléon des fourneaux comme certains chefs, géniaux et inventifs, mais boursoufflés d’importance, affichant un sourire satisfait d’arborer l’écharpe tricolore. 

Côtelettes à la mauresque

Jamie Oliver, Carnet de route se lit presque comme un roman, à la lecture duquel il est bien difficile de franchir l'énoncé des recettes sans se précipiter à la cuisine. La phase du pas à pas des plats ne vient qu'après le récit de ses émotions de voyage, de la découverte du lieu  et des gens. Ses recettes ne sont pas compliquées, et le résultat garantit des plats savoureux aux arômes bien typés. Faute de temps, je n’ai expérimenté que peu de ses propositions! Au chapitre Espagne, j'ai adoré sa merveilleuse recette Mes côtelettes de porc à la mauresque - farcies d’une pâte de raisin secs et d’herbes, avec un savoureux accompagnement de haricots blancs. Et dans ses pérégrinations italiennes je recommande une entrée de Salami frit qui est aussi surprenante, croquante que délicieuse. 

Que vous soyez au Brésil, en Suisse ou partout ailleurs, sûr qu'avec Jamie vous allez commencer un beau voyage devant vos fourneaux, avant de préparer vos valises pour aller voir sur place!

Les liens
Son site officiel et celui de sa fondation

L’édition française
Jamie Oliver Carnet de route
France Italie Suède Maroc Grèce Espagne
Marque Editoriale : Hachette Pratique - Code EAN : 9782012303805 - Auteur : Jamie Oliver – 2011

L’édition brésilienne
Jamie viaja
Espanha Italia Suécia Marrocos Brécia França
Editora Gloo - ISBN: 9788525049858 - Autor: JAMIE OLIVER - 2011

13/11/2011

Hemisferio... L’âme du vin chantait dans la bouteille signée Miguel Torres


Quand j'entre dans une librairie j'ai toujours le même sentiment d’étourdissement à la vision des étagères et du choix de milliers d’ouvrages qui, à n’en pas douter, abritent des chefs-d’œuvre comme des livres plus anodins. Quand je pousse la porte d’un magasin spécialisé en vin c'est pareil. Alors je me laisse guider par mon intuition. Pour découvrir et aimer un nouveau vin, il faut une conjonction de sensations et de hasards. D’abord une région de production et un cépage connu, une étiquette qui plaît, attire le regard et donne l’envie d’en lire les informations - rares d'ailleurs sont les bons vins dotés de piètres étiquettes. Mais même pour celui qui comme moi, je le confesse, à un faible pour les élixirs bachiques et bénéficie d’une assez bonne connaissance de base due aux années de pratique (!), le choix s’avère difficile, surtout en Amérique du sud.

Je garde le souvenir de deux religieuses au rayon alcool d’un supermarché suisse. Intrigué par l'équipage, mon ouïe curieuse avait perçu leurs propos. Il s’agissait pour elles de choisir une bouteille de vin à offrir à une de leurs consœurs pour marquer une grande occasion. Visiblement le vin pour elles représentait un plaisir, certes, mais empreint d’une petite culpabilité qui devait ajouter encore à l'excitation provoquée par cet achat exceptionnel. A n'en pas douter les noms lus sur les flacons étaient pour elles des mystères bien plus impénétrables que les voies du Seigneur. Que choisir ? Leur instinct les portât à hésiter sur une série de bouteilles, choix parfaitement logique en fonction de leurs vœux, mais disparates au niveau œnologique: Clos de Moines,  La Cure d’Attalens, Saint Amour, Château Neuf du Pape, Château L’Eglise-Clinet et Château La Chapelle du Couvent. Après de longues hésitations, c’est le dernier nommé qui bénéficia de leurs faveurs par les évocations divines de son appellation. Le saint flacon fut couché dévotement  dans le chariot.


Lors d’une de mes dernières visites dans un temple de la dive bouteille, animé je l'avoue  par de moins nobles intentions, mon regard fut attiré par une étiquette montrant un pingouin du plus bel effet,  et un nom prometteur sous les latitudes  du sud : Hemisferio. Deux bouteilles différentes étaient proposées : un Carménère, et un Cabernet Sauvignon élevé au Chili par un grand nom espagnol de la production vinicole, Miguel Torres. Après dégustation du Cabernet Sauvignon, je peux vous garantir que le pingouin a tenu ses promesses. Je n’ai pas souvent bu un vin aussi équilibré, fruité et agréable avec un tel rapport qualité-prix (au Brésil il coûte l’équivalent d’environ 15 frs.) C’est véritablement un nectar qui a pris bonne place dans mes réserves. Le Carménère n'est d'ailleurs pas en reste, même si pour moi il vient en deuxième position.

Comme c’est l’habitude au Chili et en Argentine, l’exploitation Miguel Torres est animée autant par un souci d’excellence des produits que par des pratiques écologiques, et fut couronnée par de nombreux prix internationaux. La société s’est installée depuis 1979 sur sol chilien et cultive actuellement 445 hectares localisées dans différentes domaines. Depuis 2010 la Miguel Torres Chili est dirigée par Miguel Torres Maczassek qui est de la 15ème génération de vignerons Torres... et presque tous prénommés Miguel ! La maison propose une palette de plus de 25 vins différents qui doivent être bien agréables à découvrir. Alors à nos tire-bouchons!


Il n'y a pas que le vignoble de Lavaux qui soit magnifique

Si devant votre ordinateur vous avez le cœur et l'âme d'humeur voyageuse, servez-vous donc un verre de bon vin, lisez le poème ci-dessous qui a inspiré le titre de mon message,  puis allez faire un tour sur le site de Miguel Torres, le producteur d'Hemisferio, ou sur wikipedia traitant de la viticulture au Chili.

L'âme du vin

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "


Charles Baudelaire (1821 – 1867)

06/11/2011

B12 et Vitamine : l’humour du dessinateur Stef




Si le rire est universel, ses déclencheurs sont aussi nombreux que différents. L’humour en est un, qui relève d'un processus complexe lié à la culture, à la condition sociale, à l’âge, par exemple. Quelle franche rigolade, au début de ma scolarité, quand la maîtresse nous priait d’ouvrir nos cahiers et que mon voisin de pupitre (ou peut-être bien que c'était moi...) rajoutait « poil au nez » ! Le niveau de fou-rire de la classe montait encore lorsque une demi-heure plus tard la brave pédagogue annonçait : « Maintenait leçon de chant » et qu’une douce voix susurrait « Poil aux dents ». Si j’ai abandonné cet humour primaire, j’avoue qu’il m’arriver de le sentir remonter en moi à l’écoute des hommes politiques (de tout bord et tout pays), parfois avec des rimes aussi peu fines que simplistes qui ne m’autorisent pas à les formuler à voix haute. La crise financière européenne alimente à l'envi la langue de bois des chefs d’États.


Une photo de Robert Doisneau
L’humour britannique ou l’humour juif sont certainement loin de l’humour nippon qui diffère, je l'imagine, de ce qui fait rire les berlinois. Une plaisanterie faite par Nicolas Sarkozy ne déridera sûrement pas un mécanicien ou fils d’immigré de la banlieue parisienne! Chacun prend position face à un artiste comique: on aime ou on déteste, mais l’indifférence est plutôt rare. Il me semble cependant que les gens de la terre, d’où qu'ils soient, se rejoignent dans leur façon de rire de la sottise ambiante par un humour plein de logique, de sagesse et de fausse naïveté qui tord le cou à la prétention.

Stef me fait rire. Il est suisse, du canton de Vaud, vigneron de Lavaux qui cultive la terre et l’humour dans ses dessins de presse. Le dessin de presse est une discipline périlleuse qui exige de trouver rapidement des idées sur des thèmes imposés par l’actualité. C’est principalement dans le quotidien de Suisse romande 20 minutes qu’il distille à travers ses deux personnages ses pointes sarcastiques, gentilles ou acerbes, mais jamais méchantes.


B12 et Vitamines - Glénat

B12 et Vitamine, M. et Mme Toutle-monde, me fascinent par leurs traits fantaisistes, mais dans lesquels on retrouve toutes les expressions que le dessinateur a voulu y mettre. Alors que leurs noms inspirent un dynamisme vitaminé, les personnages paraissent subir ce qui les entoure et y porter un regard désabusé comme les bons vaudois - on est bien loin de l'optimisme brésilien.

L’album que Stef publie chez Glénat est organisé par thèmes dont les intitulés ne laissent pas de doute sur le contenu : Elle est belle la jeunesse – C’est pas une vie – A deux c’est mieux – Et ben mon vieux – Nos amis les bêtes – C’est pas pour les enfants – Va y avoir du sport – Côté people – C’est pas toujours facile. Chaque histoire en 3 images est précédée de l'intitulé du sujet d’actualité qui en a été l’inspiration - bien utile pour mieux apprécier le dessin. Cet album se lit d’un trait, mais on se surprend à le ré-ouvrir très souvent pour en déguster une fois de plus la saveur.  


Allez aussi voir les dessins de que Stef réalise régulièrement pour le journal gratuit 20 Minutes, c’est un plaisir... quotidien.

Dessin tiré de 20 Minutes