Lettre ouverte : Facebook, ou le mur de mon ami

Chers utilisatrices et utilisateurs de Facebook,

Depuis quelques temps déjà je lis sur le « journal» de mes amis du réseau social Facebook un texte pseudo juridique qui tente de garantir l’inviolabilité de la sphère privée et des informations publiées. Si ce sursaut de lucidité au milieu de l’euphorie communicatrice les honore, je reste pantois devant tant d’innocence.

Il en dit des choses ce vieux mur vierge.

Comme le prouve son entrée en bourse, Facebook ne se cache pas d’être une entreprise dont le but logique de gagner de l’argent semble déjà largement atteint. Bravo! Mais analysons trois des mots-clés du réseau incriminé.

Voilà ce qui s'appelle "publier sur son mur"

AMIS: Ensemble de personnes que l’utilisateur, dans sa grande clémence, estime dignes de ce sentiment rare entre deux êtres humains: la confiance de la relation privilégiée qui permet fraternité et confidences intimes. 

Avant d’entrer dans cette ronde informatique je croyais naïvement avoir la chance de compter sur les doigts de mes deux mains le nombre de ces privilégiés. Mais sur Facebook, avec moins de 100 à 200 amis on passe pour un grave asocial.

Bruno tu as un ami

MUR: Paroi personnelle et symbolique sur laquelle on publie ce qu’il nous plait de communiquer. 

Si j’écris quelque chose sur le mur extérieur de ma maison – ma génération utilise peu cette forme d’expression – je ne devrais pas m’étonner que le quidam qui arpente ma portion de trottoir puisse me lire.

Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit

JOURNAL: Ensemble des communications organisées quotidiennement. 

Encore une fois la logique semble corroborer que celui qui décide de publier une information personnelle dans le journal s’expose à ce cela soit lu par un grand nombre. Bien évidemment cela comporte le risque de la désinformation. N’est-il pas courant d’entendre cette phrase touchante: « C’est véridique ! C’était dans le journal ». 

Romantisme des plantes grimpantes.

Respectables utilisateurs, se serait-il pas judicieux d’éviter la pratique de « Je vous le dis, mais je compte sur vous pour que ça ne se sache pas », et de garder pour vous ce qu’il serait agréable de ne pas divulguer. Réfléchissez où vous mettez les pouces, et offrez aux êtres chers le plaisir de trouver votre lettre personnelle dans le courrier pour égayer leur lot de factures. Téléphonez, ou encore mieux, provoquez une rencontre autour d’une table pour se raconter des secrets et célébrer l’amitié.

L'amour est sur le mur

Considérez, chers utilisateurs des réseaux sociaux, que je me prosterne devant votre mur, qui je l'espère, ne sera pas des lamentations. Je vous laisse, je dois déconnecter.

Eric

Clin d’œil : La chance du débutant

Pour les photographes c'est un peu comme pour les joueurs de cartes, une tentative qui va dans le bon sens et une bonne part de hasard permettent parfois une réussite qui surprend le routinier: La chance du débutant.

Maria Eduarda Vendramin (Ford Model).

Pour parvenir à refaire une photo de ce style il me faudrait certainement de nombreux essais!

Clin d’œil : Ah qu'il est beau le débit d'eau

La plus grande réserve d’eau potable du monde, le Brésil, est un pays où il fait soif. Ça tombe bien.

Alameda Augusto Stellfeld, Curitiba

A tous les coins de rue des marchands d'eau régénératrice en bouteilles, ou en bonbonnes de toutes les couleurs. 

Et les livreurs ont de sacrés beaux mollets à enfourcher ces vélos surchargés et démunis de vitesse, dans une ville qui n’est faite que de montées et de descentes.

Clin d’œil : Une larme pour un crocodile

On m’avait bien dit que le parc Barigui qui a les faveurs de mes promenades abrite des jacarés, mais jamais aucun ne m’avait fait l’honneur de se montrer. 

Ce matin, ce que j’ai d'abord pris de loin pour un tronc à la dérive d'un peu moins de 2 mètres, s'est avéré un de ces reptiles chéris des maroquiniers. J’ai en versé une larme d’émotion.

Attention, l'inertie des jacarés - famille des Alligatores et de l’ordre des Crocodylia - n'est que feinte pour leurrer les volatiles intrépides. 

Hésitez donc à faire l'oiseau et à laissez vos pieds au sec.

Élections au Brésil : beaucoup de feintes pour un match sans passion.

Début de printemps: l'air est plus chaud que la ferveur électorale.

Le spectacle c’est de l’émotion et du rêve, comme le cirque d’ailleurs qui montre des congénères capables de réalisations incroyables à force de travail. Et les élections ? Qui a le souvenir d’un politicien qui, grâce à sa persévérance, a su montrer une réalisation tant honnête, bénéfique et réussie, qu’incroyablement tintée d’audace ? 

Election en Suisse: Affiches réglementaires... circulez.

Mais dans le sens de la malhonnêteté certain se sont surpassés. Si en Suisse cette malhonnêteté n’est pas de règle et elle n’est souvent qu’intellectuelle, cependant l’ennui et le manque d’intérêt des programmes sont incontournables ! Au Brésil la jeune démocratie patauge dans la corruption, et encore plus qu’en Europe, brille par ses ressemblances avec le cirque: le citoyen c’est le public, la place publique c’est la piste, et les candidats ? la ménagerie, ou des clowns jamais drôles.

Deux candidats, deux flèches: au centre et à droite.

Il y a une semaine à Curitiba comme dans le reste du pays c’était le second tour des élections pour choisir les Vereadores (conseiller municipaux) et le Prefeito (maire ou syndic). Tout le monde est allé voter, c’est obligatoire. Méthodes modernes : Scan de votre empreinte digitale pour authentifier l’électeur, dépouillement presque instantané, et tout ceci dans une bonhommie toute brésilienne.

A gauche affiche "classique", à droite "artisanale", au centre déchets "hors-campagne".

La différence ici c’est la campagne qui précède le vote. Le libellé des innombrables partis n’apparaît quasi jamais, mais bien le numéro qui lui est attribué. Tous les vecteurs du show-business sont utilisés : voitures haut-parleur diffusant des chansons aux paroles et mélodies aussi vides qu’affligeantes, drapeaux secoués sans conviction aux points stratégiques de la ville, n’arborant que le numéro du candidat, affiches, banderoles, autocollants en plein pare-brise arrière de la voiture, papillons de jour comme de nuit, sprayages sur les murs (toujours le numéro), débats télévisuels et radiophoniques insipides et sans contenu - ça c’est universel - serrage de main, cirage de botte, et dit-on, distribution discrètes dans les quartiers pauvres de petites coupures dissimulées dans des enveloppes à n'ouvrir qu'à la maison. Et tout ceci dans un vide politique vertigineux. Mais au contraire de Lausanne, ni roses socialistes, ni ramequin au fromage, ni vin blanc: ça manque!  

En haut, le couple agréable à regarder n'est pas candidat.

Tous promettent de résoudre l’insécurité et la violence, la drogue, la circulations routière (Curitiba, c’est 2 millions de voitures), la santé des vieux, celle des jeunes, des femmes, des handicapés, des animaux domestiques, et l’éducation bien sûr (davantage d’écoles, plus de professeurs mieux payés et moins chargés). Et bien sûr FINI DE LA CORRUPTION. Un sacré remue-ménage.

La présence de "Vende-se" (se vend) semble due au hasard.

Résultats : Exit le maire sortant Luciano - numéro 40 - dont le mot d’ordre était : Continuons comme avant. Exit le populiste - 20 - Ratinho Junior  (Petit rat junior!) qui avait dominé le premier tour, et c’est le porte drapeau de la lutte contre la corruption, le numéro 12, Gustavo Fruet (tout aussi mauvais dans son discours) qui gagne avec 60% de votes.

Les suisses ne restent pas insensibles au lancer de drapeau.

Cela va changer quelque chose ? On va voir, car les 4 ans qui suivent vont accueillir la Coupe du Monde de football (Curitiba est une des ville), et le jeux Olympiques.

Alignement pré-olympique.