Cet article, pour commencer l’année, est le premier d'une série consacrée aux coups de cœur de
mon voyage estival au Chili, juste avant Noël.
Des
bâtiments anciens d’architecture coloniale on en trouve partout en Amérique du
Sud, et des façades reflets du passé dans le monde entier.
Mais ici l’enseigne de cette boutique d’un quartier tranquille de Santiago
affiche en plus un prénom francophone, hispanisé, et un patronyme évoquant un célèbre
coteau vaudois.
Je n’ai pas résisté à pousser la porte de la Peluquería Francesa, Cristián Lavaud .
Passé
le seuil on pénètre dans le passé non seulement par l’esthétique de ce salon mais aussi par son activité.
Le
savoir-faire des deux artisans barbier-coiffeurs - la soixantaine bien entamée
- atteint la perfection et les gestes précis témoignent d’une pleine vie d’expérience.
Il n'y a pas à couper les cheveux en quatre : c’est un véritable spectacle et je ne saurais pas dire combien de temps j'ai attendu mon tour… on pourrait rester la journée entière.
La
clientèle va de l’habitué qui a prouvé fidélité à travers les heurs et malheurs
politiques et dictatoriaux, en passant par les gens du quartier, jusqu’aux touristes ayant entendu parlé de cet endroit exceptionnel ou le découvrant au hasard d'une promenade.
Le lieu
accueille aussi des productions cinématographiques ou des séances de photos de
mode. On le comprend.
A ma demande d'autorisation de prendre quelques images en
attendant mon tour on me répond sans hésitation par l'affirmative. Cela leur semble si naturel.
Je
ne sais ou poser le regard tant il y a de choses, d’objets, de photos de
clients réputés, de produits dont chaque étiquette mériterait un cadre.
La Vénus de Milo version puzzle est encadrée à côté d'une affiche de tauromachie d'El Cordobés . Un salon-musée en activité.
La Vénus de Milo version puzzle est encadrée à côté d'une affiche de tauromachie d'El Cordobés . Un salon-musée en activité.
Les
deux Figaros s’activent par des gestes précis, méticuleux et
immuables qu'on peut voir de tous les côtés en même
temps grâce aux nombreux miroirs, véritable palais des glaces.
Pour
peaufiner l’ambiance, des chansons nostalgiques chiliennes diffusées
par une installation MP3 discrètement cachée en dessous d’un chapeau de paille, dans une petite commode blanche du coin enfants dont le fauteuil ferait pâlir d’envie l’antiquaire le plus
blasé.
Concessions
à la modernité, une petite tondeuse
sans fil pour les finitions de détail de la barbe, et une bouilloire électrique (avant) dernière génération pour humecter les serviettes.
La
coupe de mes cheveux comme la taille de ma barbe me plonge dans un confort
reposant. Je me sens choyé comme un notable du temps jadis.
Qu’il serait
agréable d’y venir toutes les semaines!
Une fois la porte passée, à nouveau dans le soleil de la rue, comme pour défier le
temps, un vélomoteur fait-main des années 60 ou 70 passe en pétaradant chevauchée par un cyclomotoriste d'époque.
"Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…"
chante Charles Aznavour.
chante Charles Aznavour.