La « Limonade Suisse » se boit dans tout le Brésil. Elle n’a rien d'helvétique, mais c'est rafraîchissement, doux et acidulé... comme ce blog, je l'espère.

A « Limonada suíça » encontra-se no Brasil todo. Não tem nada de suíço, mas é refrescante, doce e acidulada... como esse blog, espero.

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09/10/2011

Propos décousus

Scène 53 
(Intérieur nuit - living éclairé à la bougie -  arrière plan, 2 flûtes et 1 bouteille de Dom Pérignon 1987). Xavier descend lentement le zip de la robe d’Aude (robe de soirée Jean-Paul Gaultier) qui se dresse sur la pointe de ses chaussures (Louboutin noires) pour atteindre la bouche pulpeuse de Xavier, dont la chemise déboutonnée  (Paul&Shark) laisse entrevoir le torse musclé et bronzé (Piz Buin, Tan Intensifier). La fermeture de la robe s’ouvre et glisse comme dans un souffle...  Ah la fiction!

Robe Jean-Paul Gaultier

Le brevet no 504.037 fut octroyé en 1893 à Whitcomb L. Judson (1836-1909), inventeur américain né à Chicago, pour une invention utilisée quotidiennement par des millions d'entre nous: le zip, la fermeture éclair, ou la fermeture à glissière. Par Wikipédia, j’apprends que W. L. Judson a aussi imaginé un système de freinage pour les trains ! Et là je comprends mieux. Mon cher Whitcomb, votre fermeture à glissière est géniale, certes, mais avouez-le, n’a jamais été complètement au point. Peut-être en avez vous trop rapidement abandonné le peaufinage, et passé au système de freins pour les trains. Je ne suis pas très fort en mécanique, mais si les freins du train s’inspirent du même principe physique que votre fermeture à glissière, le convoi doit s’arrêter net, pour ne plus jamais pouvoir repartir.

Le féroce poisson-zip que l'on trouve sur toute la planète.

L’autre jour, voulant ouvrir d’un geste automatique ma veste préférée, un incident pourtant banal a brisé net mon élan libérateur : le zip s’est coincé à mi-parcours, définitivement! En Suisse, vu le prix de la réparation, après un tel avatar on n’hésite guère à investir pour une nouvelle veste. Autre situation usuelle... pour moi. Après avoir visité toutes les boutiques de la ville un jour de canicule pour l’achat d’un pantalon, le seul qui me plait vraiment a visiblement été conçu pour un type de 2 mètre de haut, alors que je ne plafonne qu’à 178 cm - c'est trop bête. La souriante vendeuse me rassure: la maison fera la « petite retouche » pour seulement le tiers du prix du dit vêtement, et dans le court délai de 4 jours ouvrables. J’exagère, mais pas beaucoup.

La devanture seule me donne envie d'entrer

Au Brésil il y a (encore) les petits métiers, les artisans qui prennent soin de vos choses par une intervention personnalisée. On trouve dans tous les quartiers des couturières attentionnées (elles me rappellent Alice, ma grand-maman aux mains de fée, une véritable usine de tricot et de couture). Elles raccourcissent votre pantalon, lui font une pince quand vous avez maigri - c'est rare - et rouvrent la dite pince quand vous rentrez de vacances avec 3 kg en plus - plus courant. Elle peut aussi ourler vos rideaux, confectionner des housses pour vos coussins avec les tissus que vous avez achetés dans un de ces magasins où les adorables vendeuses vous proposent un immense choix de motifs et de tintes, ou de matière - du coton au lin, et de la viscose à la laine. Il y en a pour les goûts les plus fins comme pour les plus audacieux. Bien sûr ma couturière a déniché le bon modèle de fermeture pour ma veste, et a fait le changement... en un éclair!

Il y a même le fauteuil pour le confort de votre attente.

J’aime aussi les cordonniers. Certaines de ces boutiques exhibent, suspendus contre une paroi, l’arc-en-ciel de centaines de lacets de toutes les couleurs et de toutes longueurs (et vous pouvez n'acheter qu'une seule pièce). D'autres ressemblent à des cavernes aux parois couvertes de chaussures, de sacs, de ceintures. Et la plupart de ces artisans utilisent encore une machine à coudre mécanique à pédale, de celles qu'en Europe, on n'en trouve plus guère que dans les brocantes.

La machine à coudre, française, et le ballon de foot.

Les brésiliens ont encore l'habitude de faire réparer, et pas seulement les chaussures ou les vêtements. Vous pouvez par exemple refaire l’émail de votre beau vieux frigo, dont le moteur peut aussi être remis à neuf. Mais l’augmentation rapide du niveau de vie et la généralisation d’une consommation à l’européenne ou à l’américaine changent ces coutumes. Il devient normal de jeter, et d’acheter du neuf.


Il paraît que les descendants de Whitcomb L. Judson sont milliardaires. Je n'en doute pas, car nous y avons tous contribué, au prix de bien des énervements.

Van Gogh avait-il un cordonnier?