La « Limonade Suisse » se boit dans tout le Brésil. Elle n’a rien d'helvétique, mais c'est rafraîchissement, doux et acidulé... comme ce blog, je l'espère.

A « Limonada suíça » encontra-se no Brasil todo. Não tem nada de suíço, mas é refrescante, doce e acidulada... como esse blog, espero.

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11/09/2011

Barrières brésiliennes

Après quelques mois d’absence j’aime revenir en Suisse, et également dans l'autre sens, je suis impatient de retrouver le Brésil et ma rue de Curitiba. Un bon café avec des pains au fromage, spécialité mineira (de l’Etat du Minas), c’est le rite libérateur du débarquement à l’aéroport de Sao Paulo, à l’aube après 12 heures de traversée de l’Atlantique (que c’est long, que c’est inconfortable). Retrouver le Brésil, c’est se plonger dans cette culture si riche, aux multiples origines, le soleil, une nature incroyable , la musique. 

Ma rue

Ce sera mieux demain, pense généralement le brésilien, alors que le suisse mâchonne des phrases pessimistes : On va le payer ce mois de beau temps, L’avenir n’est pas rose, Dans le temps on vivait quand même mieux! Mais au Brésil cette légèreté bien réelle côtoie des problèmes importants. L’insécurité en est un.
 
Le suisse, propre en ordre, respecte les écriteaux qu'il en met un peu partout. Interdiction de cueillir du raisin - Attention gibier - Propriété privée – Interdiction de passer, ayants droits excepté (ça me fait sourire: vous n’avez pas le droit, sauf si vous avez le droit, implacable logique !) – Laissez cet endroit aussi propre que vous l’avez trouvé (et si on l’a trouvé sale ?) Interdiction de tourner à gauche. Il ne tourne donc pas à gauche, ne passe pas, fait attention au gibier que d’ailleurs on ne voit jamais, longe trois vignes aux fruits mûres pour aller acheter du raisin au supermarché, et fait une remarque à l’enfant mordant dans une belle grappe, assis sur le mur de la vigne. Cette autodiscipline est parfois lourde, mais avouons que la vie est plutôt paisible.

Au Brésil non. Les panneaux de circulation routière, par exemple, sont d'abord décoratifs, ensuite ils sont là pour indiquer ce qui pourrait être utile, dans l’idéal, afin de diminuer le nombre record d’accidents. PARE (STOP) s’interprète: si vraiment il y a un bus sur la route principale, il serait fortement conseillé de ralentir- Et le pauvre suisse nouvellement arrivé qui arrête sagement sa voiture risque fort de se faire emboutir et de déclencher des klaxons. Le résultat c'est une circulation risquée, mais fluide proportionnellement au nombre de véhicules (pas à São Paulo). Si une panne des feux à un carrefour paralyse le trafic en Suisse, au Brésil cela ne provoque que peu de changement (à Curitiba il est par exemple autorisé de ne pas s’arrêter aux feux après 23h). Mais rassurez-vous l’être humain est doué de résilience. 


Moi je ne m’habitue guère aux barrières (j'en ai déjà dans la tête). Impensable, une villa sans de hautes grilles ou un mur d’enceinte, et en souvent avec barbelés, fils électrifiés, caméras et alarmes. Efficace ? Quand j’entends l’alarme de la maison d’à côté se déclencher 4 fois par heure les jours de vent, je sais que mes voisins sont partis pour le weekend!

Et puis il y a les chiens, toutes sortes de chiens. Les chiens de garde en particulier (contrairement au vin de garde, ils ne deviennent pas meilleurs en vieillissant). Rares sont les propriétés qui n’en n’ont pas. On peut même en louer ! J’avoue que certains sont bien sympathiques : ceux qui contrairement à leur fonction, montrent une gentillesse à toute épreuve, poussent trois ouah ouah sans conviction puis se mettent à pleurnicher dans l’espoir d'une caresse à travers la grille. Seule unanimité de cette bande de cabots quand un groupe chiens errants passe dans les rues du quartier : c’est alors un concert de centaines d’aboiements qui ne cesse que par la fatigue des choristes. Efficace ? En tous cas personne ne tente de caresser un pitbull qui montrant ses crocs.


Autre chose surprenante dans une ville brésilienne: le soir venu, les rues sans voiture stationnée. La journée, c’est pareil que dans la vieille Europe, mais la nuit l’automobiliste soucieux de retrouver son véhicule le lendemain le met en lieu sûr. 

Et il y a des agents de sécurité privés un peu partout: devant les banques bien sûr, devant les magasins (même les boulangeries), et pour entrer dans un bar le soir, votre identité sera enregistrée et vous serez fouillé. Efficace? C’est malheureusement nécessaire. Alors on change ses comportements, on ne rentre pas à pied après le cinéma, on regarde derrière sois et on vit normalement, ou presque.

Même rue de jour et de nuit
Mais l'insécurité aussi se globalise, et les choses s’équilibrent. La violence tend à diminuer au Brésil, et augmente en Europe. Pour la petite histoire mon appartement a été cambriolé il y a 25 ans en Suisse, on m’a volé mon portemonnaie dans le métro Lausanne-Ouchy, et braqué ma bourse de chauffeur de taxi en 1986. Au Brésil, rien ! Touchons de bois.